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« En coupant le gaz et le pétrole russes, nous allons avoir plus froid, mais nous pourrons nous regarder en face avec moins de honte »

Le Prix Nobel de physique (2012) Serge Haroche estime, dans une tribune au « Monde », que continuer à commercer avec la Russie revient non seulement à abandonner l’Ukraine à son sort, mais en plus à aider « cyniquement et objectivement son bourreau à la martyriser ».

Publié le 09 mars 2022 à 14h09, modifié le 09 mars 2022 à 17h56 Temps de Lecture 2 min.

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Tribune. « L’Europe peut-elle se passer du gaz russe ? » s’interrogeait Le Monde hier. La vraie question est : « Comment peut-on encore se poser la question ? » Nous assistons depuis deux semaines à une guerre implacable à nos portes qui a déjà fait des milliers de morts, des dizaines de milliers de blessés et des millions de personnes fuyant leur pays dévasté.

Face à cela, nous, les Européens, les membres de l’OTAN, avons déclaré que bien entendu nous ne pouvons intervenir militairement, qu’il n’est pas question de faire la guerre à la Russie ni même de la provoquer en empêchant l’aviation russe d’accéder au ciel ukrainien. Cela nous pose déjà un grave problème éthique et moral.

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Nous avons certes engagé des sanctions financières, mais elles ne touchent pas le secteur essentiel de l’énergie parce que, disent nos experts économiques et certains de nos dirigeants, nous ne pouvons pas nous passer du gaz et du pétrole russes. Alors posons-nous la question symétrique : pourquoi la Russie continue-t-elle à nous livrer ce gaz et ce pétrole ? Puisque nous la sanctionnons si sévèrement, ne devrait-elle pas, en représailles, nous couper de ces ressources pour nous vitales ?

Le besoin de devises de Poutine

La réponse à cette question est limpide : Poutine a besoin des devises de ce commerce pour financer sa sale guerre qui lui coûte très cher en armes et en dépenses logistiques. Il est évident qu’en continuant à commercer ainsi avec la Russie, non seulement nous abandonnons l’Ukraine à son sort, mais en plus nous aidons effectivement, cyniquement et objectivement son bourreau à la martyriser.

Oui, nous avons besoin du gaz russe, ce qui pose par ailleurs la question de l’imprévoyance et des erreurs passées de pays qui n’ont pas su ou voulu assurer leur indépendance énergétique avant cette tragédie. Mais la question n’est plus là. En tergiversant à propos de l’embargo sur le gaz et le pétrole, nous disons aux Ukrainiens : nous n’allons pas risquer de mourir pour vous en vous envoyant des soldats ou même en protégeant votre ciel et, pour tout vous dire, nous ne voulons pas même risquer d’avoir froid l’hiver prochain.

Confrontés au tragique de l’histoire, nous devrions au contraire accepter pour nous, sinon le sang dont parlait Churchill en 1940, mais au moins les larmes d’un renoncement relatif à notre confort. Oui, en coupant le robinet du gaz et du pétrole russes immédiatement (pas en y réfléchissant pour la fin de l’année ou pour plus tard encore), nous allons avoir plus froid, nous paierons notre essence plus cher, nous devrons restreindre nos déplacements et nos voyages, en un mot accepter de souffrir un peu, mais nous pourrons peut-être nous regarder en face avec moins de honte.

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