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Leonora Carrington, l'aristo rebelle des surréalistes

La Maison de l'Amérique latine consacre une exposition à l'artiste.

Par Philippe Dagen

Publié le 04 juin 2008 à 15h55, modifié le 04 juin 2008 à 15h55

Temps de Lecture 2 min.

Leonora Carrington est une de ces héroïnes sidérantes du surréalisme dont la vie, comme celles de Frida Kahlo et de Lee Miller, est parsemée de rencontres et de tragédies majeures. On en ferait un grand film, à condition de trouver actrices et acteurs pour incarner Lee Miller, Ernst, Eluard, Bunuel, Picasso ou Péret. Pour l'heure, l'exposition à la Maison de l'Amérique latine, la première en France depuis quarante ans, qui regroupe une cinquantaine d'oeuvres, en a fait un parcours plein de surprises précieuses.

Dans la première scène du film, on verrait une grande maison dans le comté du Lancashire, une gouvernante française, des serviteurs, un père riche industriel du textile. Sa fille, née en 1917, apprend à monter et à danser. Présentation au roi en 1935, bal au Ritz pour ses 18 ans : une belle vie aristocratique s'annonce. Et finit presque aussitôt : en 1937, Leonora rencontre Max Ernst. Eblouissement. Ils s'installent en Ardèche, elle est admise dans le cercle des surréalistes, commence à peindre et à écrire. Elle se souvient des légendes celtes de son enfance et leur ajoute les siennes. Elle dessine et sculpte des chimères, elle est la "mariée du vent" qu'Ernst a peinte dix ans plus tôt et qu'il reconnaît en elle. Ils travaillent de concert.

CRÉATURES HYBRIDES

En 1939, Ernst est arrêté par la police française parce qu'allemand et, en 1940, parce qu'antinazi. Leonora fuit en Espagne et, affolée, hallucinée, est internée dans une clinique psychiatrique. Les dessins qu'elle y trace sont d'une singularité absolue. Relâchée, elle retrouve à Lisbonne un diplomate mexicain connu à Paris qu'elle épouse et qui la conduit à New York. Ersnt y est aussi parvenu et aime désormais la milliardaire mécène Peggy Guggenheim.

A New York, il y a Breton, Duchamp, Mondrian, Léger. Elle pose avec tous pour une photo historique. Il y a aussi la revue VVV. Elle y écrit son internement, dans En bas, texte terrible de précision. Elle recommence à dessiner et à peindre, va vivre à Mexico, abandonne son diplomate mexicain pour un photographe hongrois ami de Capa, se prend de passion pour l'occultisme, le Livre des morts tibétain, Jung et toutes les religions.

On craindrait que cette culture considérable ne lui dicte ses oeuvres. Mais elle évite le plus souvent l'illustration et, en peinture, donne vie à des créatures hybrides convaincantes. Bien que très tardives par rapport au surréalisme, ses toiles des années 1970 surprennent et arrêtent le regard.

Elles ont été peintes tantôt au Mexique, tantôt aux Etats-Unis, au gré des déplacements de l'artiste, eux-mêmes déterminés par les événements politiques et le tremblement de terre de 1985. Aujourd'hui, Leonora Carrington vit et travaille à Mexico. Depuis un peu plus de dix ans, elle se consacre à la sculpture, et ses bronzes font songer aux divinités qu'elle inventait jadis à Saint-Martin-d'Ardèche.


Maison de l'Amérique latine, 217, bd Saint-Germain, Paris-7e. Mo Solférino. Tél. : 01-49-54-75-00. Du lundi au vendredi de 10 heures à 20 heures, samedi de 14 heures à 18 heures. Entrée libre. Jusqu'au 18 juillet.

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