Donald Sutherland, acteur canadien éclectique notamment connu pour son rôle dans Les Douze Salopards (1967) ou son rôle de dictateur dans la saga Hunger Games, est mort à l’âge de 88 ans, a annoncé son fils Kiefer Sutherland, jeudi 20 juin. « C’est avec le cœur lourd que je vous annonce le décès de mon père », a écrit sur le réseau social X le Canado-Britannique, lui aussi comédien, en saluant « l’un des acteurs les plus importants de l’histoire du cinéma ».
« Il n’a jamais été intimidé par un rôle, qu’il soit bon, mauvais ou laid, a ajouté son fils. Il aimait ce qu’il faisait et faisait ce qu’il aimait, et on ne peut rien demander de plus. Une vie bien vécue. » Selon plusieurs médias américains, il serait mort des suites d’une longue maladie. Contacté par l’Agence France-Presse, ses agents n’ont pas immédiatement répondu.
En plus de soixante ans de carrière et quelque 200 films, Donald Sutherland s’est imposé comme un acteur caméléon, capable d’incarner aussi bien de grands méchants du cinéma, des antihéros ou des personnages romantiques. Auréolé de deux Golden Globes et d’un Emmy Award pour des rôles télévisés, il avait reçu un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2017. Le président américain, Joe Biden, a lui salué un « acteur unique en son genre qui a inspiré et diverti le monde pendant des décennies ».
Contre-culture
Après avoir joué dans des séries britanniques cultes comme Chapeau melon et bottes de cuir, Donald Sutherland avait obtenu son premier grand rôle en 1967 dans Les Douze Salopards, avec Charles Bronson. Sa silhouette longiligne, son air absent et ses sourires énigmatiques lui assurent alors charisme et singularité.
Parmi ses autres succès, on compte notamment la farce antimilitariste M.A.S.H (1970) et le thriller Klute (1971) où il incarne un détective privé à la recherche d’un tueur pervers qui menace une call-girl jouée par Jane Fonda. Il partagera un temps la vie de l’actrice, avec qui il mène plusieurs actions contre la guerre du Vietnam et tourne le documentaire pacifiste F.T.A. (1972). Il devient ainsi une icône de la contre-culture, ce qui lui vaut d’être surveillé par le FBI.
Prolifique, l’acteur se distingue par sa capacité à tout jouer. Il peut endosser le costume d’une brute fasciste dans 1900 (1976), de Bernardo Bertolucci, incarner un séducteur à la sensualité inquiétante dans le Casanova de Federico Fellini en 1977, ou se glisser dans la peau d’un mystérieux responsable du Pentagone dans le JFK, d’Oliver Stone, en 1992.
Son étoile sur Hollywood Boulevard
C’était « l’un des acteurs les plus intelligents, les plus intéressants et les plus captivants de tous les temps », a salué sur X le réalisateur Ron Howard, qui l’a dirigé dans Backdraft (1991). Le cinéaste a loué « son incroyable palette, son courage créatif et sa volonté de se mettre au service du scénario et du public avec une excellence suprême. »
« C’était un homme à la forte présence, brillant dans son métier, et vraiment, vraiment, un grand artiste canadien, et il nous manquera beaucoup », a réagi le premier ministre canadien, Justin Trudeau.
L’âge lui a permis de jouer de nouveaux rôles comme celui d’un patriarche bourgeois anglais du XIXe dans Orgueil et Préjugés (2005), l’adaptation du roman de Jane Austen, ou celui d’astronaute vieillissant et accro à la drague dans Space Cowboys, de Clint Eastwood, en 2000.
A partir de 2012, il se distingue auprès des jeunes générations en président Coriolanus Snow, dictateur cruel et tourmenteur de Jennifer Lawrence dans la saga Hunger Games. « Vieillir, confiait-il au magazine Esquire, c’est comme avoir un nouveau métier mais qu’on n’aurait pas choisi. » En 2015, il avait été honoré par une étoile sur le fameux Hollywood Boulevard.
Donald Sutherland a eu cinq enfants dont trois avec l’actrice québécoise Francine Racette, sa troisième épouse depuis 1972. Il est notamment le père de Kiefer Sutherland, le Jack Bauer de la série d’espionnage 24 heures chrono.