Au lendemain de l’annonce du rachat à prix cassé de la banque Credit Suisse par sa grande rivale UBS, sous la pression des autorités suisses, l’action de cette dernière a repris quelques couleurs en fin de journée lundi 20 mars à la Bourse de Zurich. A la clôture, le titre d’UBS a pris 1,26 % à 17,325 francs suisses. Les autorités suisses ont annoncé dimanche un accord pour qu’UBS rachète son rival historique Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses (3,03 milliards d’euros), afin d’éviter son naufrage.
Lundi matin, la situation était plus instable. Malgré des déclarations rassurantes des autorités européennes, le secteur bancaire européen dévissait à l’ouverture des marchés. L’opération de sauvetage du Crédit Suisse n’était pas parvenue pas à rassurer les investisseurs sur la stabilité du système bancaire.
Dans les premiers échanges de la matinée, l’action d’UBS chutait de 8,77 %, à 15,61 francs suisses. De son côté, l’action de Credit Suisse chutait en dessous du prix de l’offre d’UBS, s’effondrant de 63,7 %, à 0,6752 franc suisse.
Après une ouverture dans le rouge, les indices européens ont eux aussi terminé en nette hausse à Paris (+ 1,27 %), Londres (+ 0,93 %), Milan (+ 1,59 %) et Francfort (+ 1,12 %). Le secteur bancaire européen, en forte baisse en début de séance, a finalement progressé (+ 1,27 %). Wall Street progressait également, de 1,15 % pour le Dow Jones, de 0,75 % pour le S & P500 et de 0,08 % pour le Nasdaq, vers 18 heures, heure de Paris.
Une ouverture dans le rouge
Des taux en contraste avec ceux affichés le matin. Vers 9 heures 15, l’indice du secteur européen des banques (Stoxx Europe 600 Banks) chutait de 5,92 %. A Paris, BNP Paribas dégringolait de plus de 8 % et Société générale, de plus de 7 %. A Francfort, Deutsche Bank perdait plus de 6 % et Commerzbank, près de 5 %. A Londres, Standard Chartered cédait plus de 6 % ; NatWest, plus de 4 % et HSBC, 3 %. Plus tôt dans la journée, la Bourse de Tokyo a clôturé en nette baisse (− 1,42 %).
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a affirmé lundi que le gouvernement restait attentif aux conséquences sur les marchés de cet accord. « Je me réjouis de cet accord, c’est un bon accord, a affirmé le ministre sur BFM-TV/RMC. Pour autant, nous parlons d’une banque qui a un bilan de plus de 750 milliards d’euros, elle pèse lourd dans le contexte européen, donc nous restons extrêmement vigilants sur la réaction des marchés. »
Le secteur bancaire européen « plus solide » qu’en 2008
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) s’est voulue rassurante. Les banques en zone euro ont une exposition « très limitée » envers Credit Suisse, en particulier s’agissant des milliards en obligations évaporés après la reprise par la banque rivale UBS, a affirmé lundi Christine Lagarde. « On parle de millions », a tempéré la présidente de la BCE.
Mme Lagarde a affirmé que les banques en zone euro affichaient des matelas financiers « bien supérieurs aux exigences ». « Nous sommes convaincus que les positions de fonds propres et de liquidités des banques de la zone euro sont très satisfaisantes », a déclaré la présidente de la BCE lors d’une audition au Parlement européen.
La BCE a réuni à deux reprises la semaine dernière son organe de surveillance des banques en zone euro pour un « échange de vues » sur le secteur bancaire après les turbulences des derniers jours. Depuis le 10 mars, la faillite de plusieurs banques américaines, notamment la Silicon Valley Bank, a ravivé le spectre de la crise financière de 2008, qui avait déstabilisé l’économie mondiale. Mme Lagarde avait déclaré jeudi que le secteur bancaire en zone euro était « dans une position beaucoup plus solide qu’en 2008 ».
« Les banques françaises sont solides »
Cependant, après une semaine où les valeurs bancaires ont souffert sur les marchés, « les banques françaises sont solides, elles ont été testées régulièrement », a insisté Bruno Le Maire. Avec les accords de Bâle III, « nous avons imposé des règles extrêmement strictes aux banques françaises, a-t-il poursuivi. Lorsqu’il a fallu les négocier, les banques françaises n’étaient pas satisfaites, finalement nous avons trouvé un accord et (…) on est bien contents de les avoir aujourd’hui ».
Quelques jours après un premier choc boursier provoqué par la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB), les difficultés de Credit Suisse, précipitées par le refus de son premier actionnaire Saudi National Bank (SNB) d’augmenter sa participation au capital, ont fait tanguer les marchés ces derniers jours.
Propulsé par les inquiétudes qui s’aggravent sur le secteur bancaire, le prix de l’or a dépassé lundi le seuil symbolique de 2 000 dollars l’once. Le métal jaune, valeur refuge traditionnelle, gagnait quelque 0,33 % à 1 995 dollars dans la matinée, après être monté à 2 009,73 dollars. Depuis la faillite de l’américaine SVB, le prix de l’or sur le marché financier a grimpé de près de 9 %.