Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Droit social : « Les professionnels de la route alertent sur le sujet depuis plus de dix ans »

En 2020, la Commission européenne avait fait adopter un « paquet mobilité » pour réglementer les conditions de travail des chauffeurs routiers. Mais les moyens de contrôle restent modestes au regard des dizaines de milliers de camions qui, chaque jour, traversent les frontières de Belgique, de France ou d’ailleurs, constate Philippe Escande.

Publié le 05 juin 2024 à 10h45 Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Camions sur le parking de la station service Hazeldonk, au Pays Bas

L’affaire avait fait grand bruit des deux côtés de la Manche. Le 17 mars 2022, la compagnie P&O, qui assure la navette maritime entre la Grande Bretagne et le continent, licencie brutalement 786 marins sans préavis. Protégée juridiquement par son pavillon chypriote, elle les remplace par d’autres employés payés au-dessous des salaires minimaux britannique et tricolore, soit jusqu’à 60 % inférieurs au smic français, et œuvrant sept jours sur sept quatre mois d’affilée.

Une entorse au droit social, mais aussi à celui de la concurrence, puisque, selon les organisations professionnelles, leur coût de production était devenu inférieur de 35 % à ceux des bateaux français. Face à l’émoi collectif, le gouvernement français a fait voter, le 26 juillet 2023, une loi qui impose le salaire minimal français aux équipages, quel que soit le pavillon de l’embarcation ainsi que des durées minimales de repos à terre. Les décrets ont été publiés le 28 mars et devraient entrer en application en ce mois de juin.

Il a donc fallu trois ans après l’arrivée sur le marché de cette nouvelle concurrence aux couleurs chypriotes pour en atténuer les effets néfastes. Cela risque d’être encore plus long dans le cas des camions. Les marins de la route n’arborent pas le drapeau de Chypre, mais celui de la Lituanie, nouvelle terre d’accueil des entreprises de transport aux pratiques douteuses, parfois proches de l’esclavagisme. On y retrouve désormais des populations similaires à celles qui triment dans les soutes des cargos et autres ferries dans le monde. Elles viennent d’Europe et d’Asie centrale, voire des Philippines.

Accès de colère

Les professionnels du secteur alertent sur le sujet depuis plus de dix ans. Avant les Tadjiks et les Kazakhs, plus récents, Polonais, Ukrainiens ou Biélorusses sillonnaient les routes d’Europe. La Commission européenne s’est emparée du sujet et a fait adopter en 2020 un « paquet mobilité » qui vise à réglementer les conditions de travail des chauffeurs dans le secteur du transport routier de marchandises et de voyageurs au sein de l’Union européenne (UE). Mais les moyens de contrôle restent modestes au regard des dizaines de milliers de camions qui, chaque jour, traversent les frontières de Belgique, de France ou d’ailleurs.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A travers l’Europe, l’exploitation des chauffeurs routiers

Cette situation a deux conséquences bien connues. La première est la distorsion de concurrence qui a décimé la profession à l’ouest de l’Europe, du moins pour le trafic international. Régulièrement, les accès de colère des routiers reviennent sur le devant de l’actualité. En février, ils ont par exemple bloqué l’immense centre logistique de Saint-Quentin-Fallavier pour protester contre la « concurrence déloyale venue de l’Est ».

Il vous reste 13.3% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.