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« L’indépendance de la Fed n’a pas toujours été assurée, loin de là »

A l’heure où Jerome Powell, le patron de la réserve fédérale, est menacé de ne pas être reconduit à la tête de l’institution en cas de réélection de Donald Trump, Arnaud Leparmentier rappelle, dans sa chronique, que la banque centrale américaine a toujours été menacée par le pouvoir du président américain.

Publié le 30 avril 2024 à 10h30 Temps de Lecture 2 min. Read in English

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Il faut sauver le soldat Powell. C’est la mobilisation du moment, alors que les rumeurs enflent sur la volonté de Donald Trump de renvoyer le patron de la Fed, Jerome Powell, s’il revient au pouvoir. Pendant son mandat, Donald Trump avait envisagé de tenter une destitution, mais ses conseillers l’en avaient dissuadé, estimant qu’il n’en avait pas le pouvoir. Selon les révélations du Wall Street Journal, un Trump réélu pourrait ne pas avoir de tels scrupules.

Pire, d’après le quotidien, certains de ses conseillers voudraient même supprimer de facto l’indépendance de la banque centrale. Les candidats à la présidence de la Fed devraient accepter par avance de discuter « en privé » de leur politique monétaire avec M. Trump, selon l’imagination de ses conseillers.

La remarque n’est pas à prendre à la légère. L’indépendance de la Fed, créée en 1913 après la panique bancaire de 1907, n’a pas toujours été assurée, loin de là. Son double objectif complexe de plein-emploi et de stabilité des prix lui complique la tâche. Ce dernier objectif, d’ailleurs, ne fut explicité formellement que lors d’une réforme en 1977, en pleine explosion de l’inflation.

Lorsque éclate la seconde guerre mondiale, la banque est sous la coupe de la Maison Blanche. Pour assurer le financement de l’effort de guerre, elle fixe les taux d’intérêt à des niveaux artificiellement bas, environ 2,5 % sur dix ans. Cette politique s’étend après-guerre, en pleine explosion du chômage, dans un pays hanté par le retour à la dépression des années 1930. Elle provoque une nouvelle envolée de l’inflation en 1951 (21 % en rythme annuel en février 1951, 7,9 % sur l’ensemble de l’année) et c’est le clash avec le président Harry Truman. L’affaire se conclut par un accord qui jette les fondations de la Fed moderne : la fixation artificielle des taux prend fin et la Fed ne monétise pas la dette du Trésor.

L’Amérique prospère jusqu’au retour de l’inflation avec la guerre du Vietnam à partir de 1965, puis les crises pétrolières de 1973 et 1979. Le monde occidental est encore sous le règne du keynésianisme, peu importe l’inflation pourvu qu’on ait la croissance. Il aura la stagflation.

Véritable poison

Le président de la Fed, Arthur Burns (1970-1978), ancien conseiller de Richard Nixon, mène une politique laxiste pour faciliter la réélection du président en 1972. Son successeur, George William Miller, désigné en 1978 par le président démocrate Jimmy Carter, fait pire : cette année-là, le dollar s’effondre d’un tiers face au deutsche mark, la hausse des prix atteint 13,5 % en 1979. Miller est exfiltré du Trésor par Carter, qui nomme à sa place Paul Volcker. Avant même l’élection de Ronald Reagan en 1980, c’en est fini du keynésianisme, place au monétarisme. Volcker laisse filer les taux, qui s’envolent. L’économie connaît deux terribles récessions au début des années 1980, avant que l’inflation ne soit vaincue.

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