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Entre besoin de main-d’œuvre et nationalisme, le tabou de l’immigration au Japon

Confronté à une forte pénurie de main-d’œuvre, le Japon multiplie les cadres pour des travailleurs étrangers, sans s’engager officiellement dans une politique d’accueil de personnes sans qualification. L’immigration souffre d’une image négative. L’immigré reste perçu comme un facteur d’instabilité sociale.

Publié le 25 juin 2024 à 14h00 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Aiguillonnée par une défiance persistante envers l’étranger, malgré une pénurie croissante de main-d’œuvre, la politique migratoire japonaise se résume à « un pas en avant, deux pas en arrière ». La réforme promulguée le 10 juin sur les conditions d’accueil des demandeurs d’asile accélère le traitement des dossiers et facilite les expulsions de ceux dont la demande est rejetée. La version révisée en mars du cadre des « stagiaires techniques », réservé aux jeunes étrangers désireux de se former dans des entreprises nippones, prévoit de mieux les protéger mais aussi de retirer le statut de résident permanent à ceux qui commettraient un crime grave – agression, vol ou violation de domicile – ou qui ne s’acquitteraient pas de leurs impôts.

La dénonciation d’une double peine par les associations ne rencontre guère d’écho et le ministre de la justice, Ryuji Koizumi, peut souligner l’importance de « sévir contre ceux qui enfreignent les règles » afin de « créer une société où Japonais et étrangers se respectent mutuellement ».

C’est peu dire que le sujet de l’immigration reste sensible au Japon, un pays confronté à une pénurie de main-d’œuvre croissante depuis les années 1970. Glenda Roberts, de l’université Waseda, à Tokyo, parle même d’un « tabou du “mot en i” », comme si l’on hésitait à le prononcer. « Afin de préserver le pays, le gouvernement n’a pas l’intention d’adopter une prétendue politique d’immigration en acceptant des étrangers et leurs familles sans imposer des limites à leur séjour », martelait, le 24 mai, le premier ministre, Fumio Kishida, reprenant mot pour mot les propos formulés en 2018 par l’ancien chef de gouvernement Shinzo Abe (2012-2020).

Politique de pis-aller

« La forte persistance du principe de “non-immigration” s’explique par le discours sur l’homogénéité », écrit Chris Burgess, de l’université Tsuda, à Kodaira, près de Tokyo, dans l’article « Keeping the door closed », paru dans le Journal électronique des études japonaises contemporaines (EJCJS, 2020). « Aucun autre pays que celui-ci n’a duré deux mille ans avec une seule langue, un seul groupe ethnique et une seule dynastie », s’extasiait, en 2020, le très nationaliste vice-premier ministre, Taro Aso, oubliant que l’Archipel abrite des minorités comme les Aïnous ou les Coréens.

Lire aussi (2022) | Article réservé à nos abonnés Le peuple Aïnou au Japon, une minorité éprouvée

Dérivant de cette idée, s’impose la perception – fondée ou non – d’une immigration facteur de déstabilisation dans un pays attaché à sa sécurité et à sa stabilité. Les médias bruissent régulièrement des problèmes observés à l’étranger, comme les émeutes en France en juillet 2023 ou les violences sexuelles envers les femmes dans la nuit du Nouvel An 2015 à Cologne, après que l’Allemagne a accueilli 1,1 million de réfugiés.

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