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A Zurich, l’effet Google ou la tyrannie de l’excellence

Le géant du numérique a fait de la métropole helvétique son plus important point d’ancrage hors Etats-Unis, sous couvert d’indéniables traitements de faveur. Tout le monde ne crie toutefois pas au miracle.

Par  (Zurich)

Publié le 15 juin 2023 à 03h30, modifié le 15 juin 2023 à 06h45

Temps de Lecture 3 min.

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LETTRE DE ZURICH

Devant les locaux de Google à Zurich, en juillet 2022.

C’est l’histoire de Paul, un entrepreneur suisse romand qui vit à Zurich, la première métropole helvétique avec son million d’habitants dans l’agglomération ; une ville qui n’a pas connu une minute de récession depuis 1991. Ce succès économique jamais démenti se traduit par une position de choix, en général la première, dans tous les classements imaginables : innovation, compétitivité, attractivité, qualité de vie, excellence académique. Les banques légendaires, comme Credit Suisse, s’écroulent ? Peu importe, la place financière est moins importante qu’autrefois (10 % du PIB, en baisse) et la croissance de la cité est bien davantage assurée par les secteurs du numérique et des biotechnologies.

Mais revenons à Paul, qui vient d’avoir une petite fille. Lui et son épouse se sont mis à la recherche d’un nouvel appartement au centre de Zurich. La suite, il la racontait récemment au site Swissinfo. « Nous sommes allés visiter un cinq pièces, à 5 500 francs par mois [5 630 euros]. On se disait qu’à ce prix-là, on aurait droit à un accueil personnalisé. Mais pas du tout. Il y avait 80 personnes qui faisaient la queue en bas de l’immeuble. »

Se loger à Zurich a toujours été parfaitement exorbitant (+ 40 % en vingt ans), nettement plus cher qu’ailleurs en Suisse, Genève comprise, et deux fois plus qu’à Paris. Mais de nouveaux plafonds sont percés chaque mois au grand désarroi des candidats au logement. Une chambre en colocation atteint la somme ahurissante de 2 000 francs suisses, et dans le nouveau quartier d’Europaallee, construit sur une friche ferroviaire du Kreis 4 (le quatrième arrondissement, en pleine gentrification) à proximité de la gare centrale, les lofts valent jusqu’à 6 500 francs. Cause principale de cette envolée ? Google.

Un revenu médian à 8 000 francs par mois

Le géant californien du numérique emploie 5 000 personnes à Zurich, quatre fois plus que lors de son débarquement il y a vingt ans. La capitale économique helvétique est désormais sa première implantation mondiale en dehors de son siège à Mountain View, dans la Silicon Valley. Autant dire que cet afflux d’expatriés aux salaires guillerets (de 100 000 à 350 000 francs par an) n’a pas été sans impact sur un environnement local qui ne criait pourtant pas misère avant leur arrivée : Zurich est depuis longtemps la ville la plus chère d’Europe, mais aussi, ceci explique cela, celles où les salaires sont les plus élevés.

Selon l’Office fédéral de la statistique, le revenu médian (la moitié des gens gagnent moins, l’autre plus) se monte à 8 000 francs suisses par mois, contre 6 665 en moyenne nationale. A « Züri » (le diminutif affectueux de la ville), la moitié des salaires sont même supérieurs à 10 000 francs par mois dans la finance, l’assurance, l’informatique et la communication. Avec le pouvoir d’achat disproportionné de ses « Zooglers » (les Googlers de Zurich), Google est en train de déstabiliser l’écosystème qu’il a contribué à façonner main dans la main avec les autorités municipales.

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