Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

A Davos, la Suisse face à l’escalade de l’antisémitisme

Par  (Davos (Suisse), envoyé spécial)
Publié le 05 avril 2024 à 06h48, modifié le 05 avril 2024 à 21h09

Temps de Lecture 7 min. Read in English

Des semaines ont passé, mais son indignation n’est pas retombée. Baruch, 19 ans, est toujours aussi stupéfait quand il montre, sur son téléphone portable, la photo d’un écriteau découvert fin février sur la devanture d’un magasin de location de matériel de sports d’hiver, au sommet des pistes de Davos, en Suisse. Il y est écrit en hébreu : « Nous ne louons plus de luges et de skis à nos amis juifs. » Pour cet habitant d’un quartier d’haredim (ultraorthodoxe) de Stamford Hill, dans le nord de Londres, « c’est le signe que la ligne rouge a été franchie ». Il compare cela à « l’atmosphère ambiante en Allemagne dès 1933 ». « Et nous connaissons la suite », ajoute-t-il.

Le jeune homme suit depuis quelques mois l’enseignement d’une école talmudique à Davos. A l’entrée de cet ancien hôtel converti en centre d’accueil pour jeunes religieux, des dizaines de chapeaux et de redingotes noirs sont suspendus aux patères du vestibule. Ils sont une soixantaine d’adolescents et de jeunes hommes, pantalon noir et chemise blanche, kippa et papillotes, venus de toute l’Europe et parfois d’un peu plus loin, pour étudier le talmud dans l’une des deux yeshivas (écoles talmudiques) de la station. Moshe vit à Anvers (Belgique), Josef à Bnei Brak, près de Tel-Aviv, David à Amsterdam. Tous disent la même chose : « Depuis le 7 octobre 2023 [date de l’attaque du Hamas sur le sol israélien], le climat a changé. Les regards se font lourds, insistants, comme s’ils voulaient nous charger de culpabilité. »

Plus de luges pour les juifs. Quelle mouche alpine a-t-elle bien pu piquer Ruedi Pfiffner, tranquille gérant d’un petit commerce d’altitude ? L’homme s’en est brièvement expliqué dans la presse alémanique, avant de disparaître de la circulation alors que l’affaire enflait au point de faire les gros titres aux Etats-Unis et en Israël. « Ils montent en baskets et ne sont pas équipés pour les sports d’hiver. Ils abandonnent parfois le matériel sur les pistes, a-t-il précisé. Nous ne voulons plus courir le risque qu’une cliente ou un client provoque un accident grave et nous en tienne pour responsables. » Son refus de louer son matériel n’aurait donc rien à voir avec des considérations personnelles, mais plutôt avec des aspects sécuritaires.

« Le problème est dans le “ils”, qui est en soi antisémite, par sa généralisation inadmissible et par la discrimination qu’il implique, rétorque Jonathan Kreutner, secrétaire général de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI), qui envisage une action en justice. Tous les juifs n’abandonnent pas des luges dans la neige, tous les juifs ne se comportent pas mal avec les commerçants. » La police cantonale des Grisons a ouvert une enquête, qui devra établir la part de la maladresse ou d’intentionnalité du message, vite retiré pour être remplacé par un autre, en allemand, qui ne mentionne plus la clientèle juive, mais précise que des vêtements et des chaussures d’hiver idoines sont nécessaires pour louer des équipements sportifs en hiver.

Il vous reste 73.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.