Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

En Suisse, les clients sulfureux d’un respectable gestionnaire de fortune

Une fuite de données révèle que le cabinet Finaport a travaillé pour plusieurs personnalités à haut risque, issues de l’élite russe ou impliquées dans des affaires de corruption.

Par  et

Publié le 14 septembre 2023 à 06h00, modifié le 20 septembre 2023 à 18h05

Temps de Lecture 7 min.

Article réservé aux abonnés

Le cabinet de gestion de fortune Finaport se trouve dans le quartier Paradeplatz, à Zurich (Suisse). Ici, le 19 mai 2013.

En Suisse, Finaport est l’une de ces entreprises respectables que la place financière aime à promouvoir. Ce cabinet de gestion de fortune basé à Zurich revendique plus de deux milliards d’euros de placements financiers et immobiliers. Il gère, pour le compte d’une clientèle triée sur le volet, les relations avec les banques et les cabinets d’immatriculation de sociétés offshore. Mais surtout, en tant que porte d’entrée sur le système financier, il est censé être la première vigie dans la lutte contre le blanchiment d’argent : la loi lui impose des vérifications strictes sur les antécédents et l’origine des fonds de ses clients.

Or, des documents confidentiels révèlent que Finaport a, jusque très récemment, géré les fonds de plusieurs personnalités soupçonnées de corruption ou visées par des poursuites judiciaires. La présence parmi elles de plusieurs membres de l’élite russe au profil sulfureux ne manquera pas de relancer le débat sur la complaisance de la Suisse à l’égard de l’argent russe, ravivé par la guerre en Ukraine. Cette enquête menée par Le Monde, en collaboration avec plusieurs médias internationaux, questionne également la surveillance par les autorités des cabinets de gestion de fortune qui, moins exposés que les grandes banques, jouent pourtant un rôle crucial dans l’attractivité financière du pays.

Ces révélations trouvent leur source dans les archives de Finaport, publiées sur le dark Net par un groupe cybercriminel en début d’année après un piratage par un rançongiciel, et repérées par la Radio-Télévision suisse. Le Monde et ses partenaires ont choisi d’exploiter cette fuite de documents malgré son origine criminelle en raison de leur intérêt public. Extrêmement récentes, ces données permettent en effet de lever le voile sur des pratiques en cours sur une place financière suisse qui se prévaut d’avoir nettoyé les écuries d’Augias, après avoir été frappée au cours de la dernière décennie par une série de scandales retentissants (Swiss Leaks, UBS, Suisse Secrets, etc.).

Un million de dollars de pots-de-vin

Si Finaport ne travaille pour aucun oligarque russe sous sanctions, plusieurs des profils de clients mis en lumière par cette fuite de données posent question, pour un cabinet à la réputation jusqu’alors irréprochable. Comme Leonid Reiman, ministre puis conseiller de Vladimir Poutine, entre 1999 et 2008, dont Finaport a géré la fortune entre 2008 et 2021. Les centaines de millions d’euros qui ont circulé au fil des années sur les différents comptes de M. Reiman, hébergés par les banques Julius Baer et Compagnie monégasque de banque, à Monaco, ne cadrent pas avec ses rémunérations officielles, bien inférieures. De quoi réactiver le soupçon d’un détournement massif de fonds publics, alors que l’ancien ministre a déjà été reconnu coupable en 2006 par une cour arbitrale suisse de malversations autour de la vente litigieuse d’un groupe de télécom russe dans les années 1990.

Il vous reste 75.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.