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Entre chapelets et fioles d’eau bénite, l’esthétique catho inonde les réseaux

Couronnes de fleurs et d’épines, sacrés cœurs, croix byzantines et statuettes de Jésus sur fond d’« Ave Maria »… L’engouement pour le « catholiccore » traduit l’envie d’un ailleurs à la fois exotique et familier.

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Publié le 15 juin 2024 à 18h11, modifié le 24 juin 2024 à 13h16

Temps de Lecture 4 min.

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Sydney Sweeney, dans le film « Immaculée » (2024).

Sur les réseaux, le catholicisme n’est pas seulement une religion. C’est aussi une « esthétique » que les internautes s’approprient, entre bougies à l’effigie du Christ, chérubins et chapelets sertis de pierres précieuses (en toc). Sous les hashtags #catholicaesthetic et #catholiccore, ces images défilent sur TikTok. On y trouve des conseils pour assortir une tenue d’inspiration catholique, dessiner la Vierge sur ses faux ongles, et agrémenter son intérieur en y disséminant bibles et fioles d’eau bénite. Sur Instagram, il est aussi possible de retoucher ses photos avec des filtres Jésus ou Renaissance. Et souvenez-vous du récent Festival de Cannes, lors duquel l’actrice dominicaine Massiel Taveras a monté les marches dans une longue robe blanche, signée Giannina Azar, sur laquelle on pouvait voir le visage XL du Christ. Prestement invitée à remballer sa traîne de 5 mètres, Massiel Tavares n’a pas apprécié le peu de compassion pour son look catholiccore.

« Depuis que j’ai découvert cette esthétique, j’ai changé toute la déco de ma chambre. Avant, j’avais un style cottagecore, panier en osier, vieille porcelaine, tout ça. Mais le catholiccore me correspond mieux, c’est plus sophistiqué, plus profond », confesse Laurène (les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées), 15 ans, lycéenne à Rouen. Issue d’une famille athée, elle n’a jamais été baptisée. Julie, 23 ans, étudiante en physique chimie à Nantes, confie, elle : « Ce qui me plaît, c’est le côté décalé, à la fois sage et intello, mais aussi pittoresque. C’est assez cinématographique. Quand j’enfile mes croix, j’ai l’impression d’être la veuve d’un prince de France, il y a un côté clinquant. Le style est très riche, on peut jouer avec à l’infini. » Tout comme Laurène, la jeune femme n’est pas croyante.

« Le succès de l’esthétique résulte de la sécularisation de l’iconographie religieuse, qui fait l’objet d’une (ré)appropriation intellectuelle. On ne croit plus vraiment, on ne pratique plus beaucoup, mais les images liées à la spiritualité et à la dévotion qui tournent en ligne ont un côté vintage qui flatte un certain penchant nostalgique », explique l’historien Joël Schnapp.

Mode et religion, un duo qui fonctionne

Ici une jeune femme défile, vêtue d’une robe noire moulante, d’un corset et d’un voile de dentelle. Là une adolescente reproduit le style d’une « fille de prêtre », moue angélique et croix sur le col de chemise. Pour les internautes, c’est l’occasion de prendre la pose, l’air habité et un peu lymphatique. Ce n’est pas un hasard si l’un des mots-clés souvent associés à la tendance est « coquette ». Nul besoin d’être expert en théologie ou rigoureux dans la reproduction de l’iconographie catholique, il s’agit de composer sur mesure un univers hétéroclite. Julie pioche aussi bien dans le patrimoine de l’Eglise orthodoxe orientale que dans celui des communautés de sœurs protestantes aux habits épurés (davantage niche, cette esthétique se retrouve sous le #conventcore).

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