Des collaborations avec les griffes de luxe Hermès ou Berluti, les marques de design industriel Ligne Roset ou Lexon, ou avec de jeunes pousses investies dans l’écoconception ou le « made in France », ce quadragénaire doué à la patte subtile, lauréat en 2011 du Grand Prix de la création de la Ville de Paris, est partout, jusque derrière quelques casseroles Tefal.
En 2024, Guillaume Delvigne a démarré l’année en fanfare avec une distinction « French Design 100 » – le top 100 des créateurs incarnant le design français à l’international établi par le VIA, l’organisme national de recherche et de promotion du meuble –, une entrée au Mobilier national avec des pièces de sa collection Litho imaginée pour Pierre Frey, sans compter, en janvier, « Refuges », l’exposition de ses dessins grand format pour la galerie parisienne Pradier-Jeauneau.
Nous l’avons rencontré dans son atelier partagé, au premier étage d’un ancien immeuble industriel de Montreuil (Seine-Saint-Denis). C’est là que ce designer, enseignant et artiste navigue – seul maître à bord – au milieu de tous ses projets, entouré de ses maquettes en carton, dessins et prototypes, du flacon de parfum aux chaises en passant par un pilulier. Et jamais loin de son vélo de course de la célèbre marque italienne Colnago, modèle 1994, que l’enfant de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), fan du Tour de France qu’il fut, a reconstitué à l’identique, pièce par pièce. Derrière une tasse de café, le designer éclectique à succès, quoique méconnu du grand public, se raconte.
Guillaume Delvigne dans son artelier partagé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 16 mai 2024. ELISE TOÏDÉ POUR « LE MONDE » Lauréat en 2011 du Grand Prix de la Ville de Paris, vous voilà en 2024 en pleine lumière, jonglant entre artisans d’art, éditeurs industriels ou galeristes. Le temps de la maturité ?
En effet, mes collaborations avec Ligne Roset, notamment autour du travail du bois massif (bureau mural, console, luminaire, serre-livres ou élément décoratif comme le petit ours Karhu), et avec Pierre Frey, pour qui j’ai dessiné la ligne de meubles de salon Litho, façon paysage primitif de roches, font que ma carrière décolle. Longtemps, j’ai été un designer de l’ombre. J’ai commencé à vivre du métier en créant pour d’autres, dans des agences de design, notamment le collectif français RADI Designers ou l’Australien Marc Newson. Je les assistais dans leurs projets, jusqu’à ce qu’en 2011 Tefal m’appelle directement. Je suis alors devenu l’auteur, anonyme, de quelques gammes de poêles et casseroles.
Cette même année, je me suis lancé en solo, avec un studio à mon nom. Et j’ai réalisé ma première exposition à la ToolsGalerie de Loïc Bigot, avec de petits meubles où j’exprimais ma patte. La dernière en date a été « Naturation », en 2022, avec des tables d’appoint en bronze patiné que j’ai conçues avec les artisans d’art de la fonderie Susse, à Malakoff [Hauts-de-Seine].
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