Des journalistes, des stylistes, des acheteurs, des créatrices comme Simone Rocha ou Sarah Burton, l’ancienne directrice artistique d’Alexander McQueen… Le 5 juin, la nomenklatura de la mode britannique s’est retrouvée dans un studio de l’est de Londres, sur Dock Road. « A la maison », comme dit Craig Green, pour qualifier cet espace industriel dont le designer a fait son quartier général en 2022 et où il a décidé de faire défiler son printemps-été 2025. Les derniers « vrais » shows – avec mannequins, musique, final et salut – remontaient à février et à juin 2022. Le précédent encore, à janvier 2020.
Dans ces intervalles, d’autres designers auraient eu le temps d’être cent fois oubliés par un milieu qui souffre de troubles de l’attention et a parfois la mémoire courte… Pas Craig Green, ni ses expérimentations de matières, ses défilés-performances, et ses silhouettes construites comme des sculptures totémiques.
Exaltant mais coûteux, le format du défilé ne l’attirait plus autant qu’avant. L’adrénaline s’était dissipée par rapport à celle ressentie lorsque, étudiant, il était habilleur en coulisses ou assistait à son tout premier show comme spectateur. « C’était une collection du styliste Gareth Pugh. La course pour s’y rendre, le cœur qui bat fort, je me souviens de tout. » Se confronter à nouveau au format du défilé mais sans quitter son lieu de travail a été sa façon d’y revenir en douceur. « Disons que c’était un demi-défilé. » Mais une réussite assez totale, avec une collection aboutie et graphique, de cette beauté composite et étrange dont il a le secret.
Des tenues comme improvisées par un gamin
Cette fois, pas de « tentes humaines », ces parkas couvrantes à cordons et ces constructions structurées par des morceaux de bois de l’automne-hiver 2018-2019. Pas de défis techniques comme lorsqu’il avait imaginé des combinaisons dont le plastique coloré imitait le verre soufflé (automne-hiver 2019-2020), des poches créées à partir de valves en latex ou des sacs conçus à partir de pompes à perfusion (automne-hiver 2022-2023).
Non. Cette fois, il a voulu bâtir une collection comme un « mémorial » – pour son père, John, mort fin 2023. « Mon travail a toujours été personnel mais jamais à ce point intime, explique Craig Green. Qu’attend un fils de son père ? Comment un père rêve-t-il son fils ? Ces questions m’ont submergé. J’ai repensé à ma mère qui lui mettait la pression tous les jours pour qu’il m’apprenne à faire du vélo au parc… Bien sûr, nous n’atteignons jamais ces idéaux de bon père ou de bon fils. »
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