La Radio télévision suisse (RTS) a déclaré écarter de sa programmation les films dans lesquels Gérard Depardieu incarne « un des rôles principaux (…). Un ou deux métrages ont ainsi été mis de côté en cette période de fêtes », a déclaré un porte-parole de la RTS, Marco Ferrara, à l’Agence France-Presse, dimanche 31 décembre, confirmant une information de l’hebdomadaire suisse Matin Dimanche.
Cette décision survient après la diffusion, jeudi 7 décembre, du magazine d’investigation « Complément d’enquête » dans lequel l’acteur français tient des propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes, et prononce d’autres à caractère sexuel lorsqu’une petite fille à cheval passe à l’image.
« Un choix pragmatique »
« Lorsque nous sentons que le public peut se sentir majoritairement heurté par une œuvre ou une personnalité jusque-là acceptée, nous l’écartons ponctuellement de notre programmation », a expliqué M. Ferrara. La décision de suspendre la diffusion sur la RTS des films dans lesquels l’acteur français tient un des rôles principaux est « un choix pragmatique, que nous réexaminerons en fonction des évolutions de la situation, sans calendrier fixé d’avance et dans le respect de la procédure en justice », a-t-il poursuivi.
Depuis la diffusion des images de « Complément d’enquête », Gérard Depardieu est au cœur d’une vive polémique : une tribune signée par 56 personnalités et publiée par Le Figaro a appelé à « ne pas efface[r] Gérard Depardieu ». Depuis, plusieurs signataires, dont Carole Bouquet, Nadine Trintignant ou encore Pierre Richard, ont décidé de prendre de la distance avec ce texte, en raison de son auteur ainsi que des arguments employés pour dénoncer « le lynchage qui s’abat » sur l’acteur français. En réponse, deux « contre-tribunes » sont parues, l’une signée, initialement, par 600 personnalités du monde de la culture, et l’autre par quelque soixante-dix.
Aussi, Emmanuel Macron s’est exprimé sur l’affaire sur le plateau de « C à Vous » en dénonçant une « chasse à l’homme » et en estimant que l’acteur « rend fière la France ». Rappelant le principe de la présomption d’innocence, le chef de l’Etat n’a guère évoqué les femmes qui se disent victimes du comédien.
En effet, outre les propos tenus par l’acteur et diffusés par « Complément d’enquête », le magazine d’investigation revenait aussi sur sa mise en examen pour viols en 2020, à la suite d’une plainte d’une comédienne d’une vingtaine d’années, Charlotte Arnould, dont il réfute les accusations. Gérard Depardieu est également visé par une plainte pour agression sexuelle déposée par la comédienne française Hélène Darras pour des faits a priori prescrits, ainsi qu’une autre en Espagne par une journaliste, Ruth Baza, l’accusant d’un viol commis en 1995.