Les Etats-Unis ont pris les devants seuls, faute de pouvoir entraîner les Européens dans leur sillage. Cependant, le débat sur l’arrêt des importations de gaz et de pétrole n’est pas pour autant clos au sein des Vingt-Sept. La question devrait animer les discussions du Conseil européen de Versailles, jeudi 10 et vendredi 11 mars, sans qu’il soit possible à ce stade d’en connaître l’issue, tant les avis divergent au sein de l’Union. Les chefs d’Etat et de gouvernement devraient au moins s’engager à « sortir de [leur] dépendance aux importations de gaz, pétrole et charbon russes », mais sans en préciser le calendrier, selon un projet de conclusions qui circule à Bruxelles.
Tandis que la guerre en Ukraine entre dans une nouvelle phase, avec le quasi-encerclement de Kiev et le bombardement prolongé de plusieurs grandes villes, les Vingt-Sept discutent de sanctions supplémentaires, au-delà des mesures massives déjà prises depuis le début du conflit. Un éventuel embargo sur les approvisionnements énergétiques en provenance de Russie a été abordé mardi à l’Elysée, lors d’entretiens entre le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, le président Emmanuel Macron et le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Question ultrasensible
Mais la question demeure ultra sensible. En effet, 45 % du gaz et 20 % du pétrole importés par l’UE proviennent des gisements russes. Détail révélateur, à ce jour, la banque de Gazprom a été épargnée par les sanctions. « Ne nous faisons pas davantage de mal qu’on en fait à Poutine. Il ne faut pas déstabiliser nos sociétés au moment où nous devons rester unis », a prévenu mardi Frans Timmermans, le vice-président de la commission européenne chargé de l’énergie et des questions climatiques.
Une nouvelle fois, beaucoup va dépendre de l’évolution de l’Allemagne. Le ministre de l’économie, Robert Habeck (Verts), a mis en garde contre les lourdes conséquences d’un arrêt des importations d’hydrocarbures venant de Russie. « Il ne s’agirait pas de simples restrictions de confort mais de dommages de grande ampleur touchant l’économie et la société dans son ensemble », a-t-il déclaré, mardi. « Les sanctions ont été prises pour frapper l’économie russe et le régime de Poutine. Mais elles ont également été choisies de manière à ce que nous-mêmes puissions les supporter dans la durée. Un comportement irréfléchi pourrait avoir l’effet contraire », a-t-il prévenu, alors que 55 % du gaz naturel et 42 % du pétrole importés en Allemagne en 2020 venaient de Russie.
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