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Mort du père Rivoire, prêtre franco-canadien accusé d’agressions sexuelles au Canada

Joannes Rivoire, qui avait enseigné dans le grand Nord canadien dans les années 1960 et 1970, faisait l’objet de plaintes d’anciens élèves inuits. Le nonagénaire, qui vivait depuis plusieurs années dans une congrégation près de Lyon, récusait ces accusations.

Le Monde avec AFP

Publié le 13 avril 2024 à 00h06, modifié le 13 avril 2024 à 04h08

Temps de Lecture 2 min.

Une ancienne photo représentant le prêtre Joannes Rivoire, présentée par des représentants de victimes lors d’une conférence de presse.

Le prêtre franco-canadien Joannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans le grand Nord du Canada dans les années 1960 et 1970 et réclamé depuis des années par la justice canadienne, est mort en France, a annoncé vendredi 12 avril sa congrégation. Le nonagénaire, qui vivait près de Lyon, n’a finalement jamais été inquiété malgré plusieurs demandes d’extradition. Joannes Rivoire a toujours contesté les accusations.

Celui qui était vu, notamment au Canada, comme le symbole de l’impunité des agresseurs sexuels au sein de l’Eglise catholique, « est décédé jeudi après une longue maladie », a annoncé le père Ken Thorson des Oblats de Marie-Immaculée (OMI), dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse (AFP).

« Nous avons conscience que cette nouvelle sera difficile, en particulier pour les survivants et leurs familles qui ont plaidé pour qu’il soit traduit en justice au Canada », a poursuivi Ken Thorson. « Nous regrettons qu’en dépit de tous les efforts, M. Rivoire ne se soit jamais rendu disponible et qu’il n’ait jamais eu à répondre aux accusations portées contre lui », a-t-il ajouté.

Demandes d’extradition rejetées par la France

« Je suis heureux qu’il soit parti, bon débarras », a réagi vendredi auprès de l’AFP Steve Mapsalak, qui l’accusait de l’avoir agressé sexuellement. Ce résident du nord canadien s’était déplacé en France il y a un an et demi pour soutenir la demande d’extradition d’Ottawa. « Je lui ai rappelé dans ma propre langue les très mauvaises choses qu’il m’avait faites et je lui ai dit que je méritais des excuses, qu’il n’a jamais prononcées », a-t-il déploré.

Le père Rivoire, qui a vécu plus de trois décennies parmi les Inuits, avait appris leur langue et pratiquait avec eux la chasse traditionnelle – caribou et phoque. Dans les villages, il enseignait le catéchisme et le français, disait la messe et officiait pour les enterrements. Mais en 1993, il a soudainement quitté le Canada au moment où les deux premières plaintes ont été déposées. Un premier mandat d’arrêt a été émis par le Canada en 1998, mais aucune suite n’a été donnée et il a été levé en 2017.

Toutefois, une nouvelle plainte a été déposée en 2022 – au Canada il n’existe pas de délai de prescription en matière de crimes sexuels – et Ottawa a émis un nouveau mandat d’arrêt, donnant un nouvel espoir aux victimes. Mais, en octobre de la même année, la France a rejeté la demande d’extradition vers le Canada, expliquant qu’il s’agissait d’un cas complexe et qu’elle n’extradait pas ses citoyens.

Une congrégation qui ne l’a jamais exclu

La décision avait été très mal comprise au Canada où Marc Miller, le ministre des relations Couronne-Autochtones à l’époque, avait déclaré qu’il était « désolant de voir cette injustice grave se reproduire ».

Pour l’organisation inuite Tapiriit Kanatami, qui représente les Inuits canadiens, « il est tragique que Rivoire ait pu finir ses jours sans avoir à répondre devant la justice des abus sexuels qu’il a commis ». Estimant qu’il s’agit « d’un échec systémique des Etats » à défendre les peuples autochtones, l’organisation apporte son soutien aux victimes et évoque tous « les agresseurs qui continuent d’échapper à la justice ».

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Les procédures d’exclusion de la congrégation, engagées ces derniers mois contre le religieux, ont elles aussi échoué. Fondée en 1816, la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) compte 3 700 missionnaires dans le monde. Elle s’était implantée dans le Grand Nord canadien au début du XXᵉ siècle, dans des conditions extrêmes. A l’époque, elle y construit des hôpitaux et gère des pensionnats pour des enfants autochtones, qui y vivront parfois « abus », « douleur et souffrance », comme l’ont reconnu les Oblats avant le « pèlerinage pénitentiel » du pape François au Canada en août 2022. Le pontife demandera lui-même pardon aux victimes, pour les violences perpétrées dans les pensionnats locaux où entre 4 000 et 6 000 enfants sont morts de maladie, de malnutrition ou de négligence.

Le Monde avec AFP

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