Plan d’action de RSF aux côtés des journalistes réfugiés du Haut-Karabakh

L’attaque menée par l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh, région séparatiste peuplée d’Arméniens, a provoqué un exode massif de la population dont de nombreux journalistes. L’unité de crises de Reporters sans frontières (RSF) les a rencontrés à Erevan et à Goris, dans la province de Syunik. L’organisation est à leurs côtés pour leur proposer une assistance psychologique, des formations et du matériel professionnel.

À Erevan, sur la terrasse du bureau de CivilNet, plate-forme vidéo et principal média indépendant arménien, la journaliste-cameraman Siranush Adamyan raconte les neuf mois de travail sous blocus, la faim, les privations, les coupures d'électricité, jusqu’à la brutale attaque du 19 septembre dernier : “Quand le village était bombardé par l’artillerie, je sortais de la cave pour filmer quelques secondes, afin d’apporter des preuves par l’image et par le son de ce qui se passait. J’avais très peur.” Elle poursuit en expliquant le départ forcé, les longues colonnes de voitures sur la route du corridor de Latchine-  le seul point d’entrée et de sortie vers l’Arménie. 

Siranush a vingt-deux ans. Elle vient tout juste d’arriver à Erevan, capitale de l’Arménie, après une halte à Goris. Journaliste pour l’antenne du média indépendant CivilNet dans le Haut-Karabakh où elle est née, elle a dû quitter sa région une région sécessionniste arménienne dans le sud-ouest de l’Azerbaïdjan, qui la considère comme partie intégrante de son territoire. Depuis 1991 et la chute de l’Union Soviétique (URSS), cette partie du pays est le théâtre de guerres successives. Après un blocus de neuf mois à partir de décembre 2022, l’armée azerbaïdjanaise a mené une offensive éclair, le 19 septembre 2023, qui a conduit à l’exode massif de civils arméniens, dont des journalistes. 

Du 30 septembre au 5 octobre 2023, l’unité de crises de RSF s’est rendue en Arménie pour évaluer le nombre de journalistes réfugiés, ainsi que leurs besoins. L’organisation a rencontré les correspondants de CivilNet, comme Siranush Adamyan, Hasmik Kachatryan et Hayk Ghazaryan. Tous sont nés et ont grandi au Karabakh. Comme leurs confrères rencontrés par RSF, ils ont été très affectés physiquement et psychologiquement. Certains ont perdu des proches. Aujourd’hui, la quarantaine de journalistes réfugiés recensés par RSF veut continuer à pratiquer le métier de journaliste. 

“Les journalistes du Haut-Karabakh ont subi de lourds traumatismes physiques et psychologiques, et vont devoir se reconstruire. Pour RSF, il est important d’être à leurs côtés, afin de recueillir leurs témoignages et de préparer la mise en œuvre de l’aide à leur apporter, aussi bien dans le domaine de la santé que de la formation et de la protection.

Vladimir de Gmeline
Directeur des crises de RSF

Pour le directeur de la rédaction de Civilnet, Karen Harutyunyan, les besoins des journalistes sont prégnants et vont s’intensifier  : “Certains journalistes arrivés du Karabakh vont rester à Erevan, mais beaucoup vont aller vivre dans des villes et des villages de province. Nous avons perdu du matériel, nous avons été obligés de le laisser sur place, il faut le remplacer. La situation est incertaine, la guerre peut revenir, il faut que nos journalistes soient formés et protégés. Et puis les médias ont un rôle très important de surveillance des décideurs politiques et des institutions dans un environnement où la corruption est endémique.” 

Pour faire face à tous ces défis, RSF travaille avec  le Centre de la liberté d’information d’Arménie (Freedom of information Center of Armenia ou FOICA),  avec l’aide de médias de premier plan, à la pointe du combat pour la liberté et l’indépendance de l’information, comme CivilNet et EVN Report

RSF et ses partenaires sont désormais aux côtés des journalistes réfugiés du Haut-Karabakh pour : 

  • leur apporter le soutien psychologique dont ils ont besoin ;
  • leur fournir une aide matérielle pour remplacer leur matériel professionnel perdu et endommagé ;
  • Participer au renforcement de leurs capacités et les former au reportage en zone de conflit et au secourisme 
  • leur procurer des gilets de protection et des casques, ainsi que des kits de premiers secours.
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